La nouvelle vie de Peuw

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Ses parents adoptifs ont à leur tour disparu. Sans doute se sent elle alors assez forte pour prendre la plume et écrire une suite à son premier récit. Une suite qui s’organise autour de l’apprentissage de la vie en France et de la création de nouveaux liens affectifs. Récit qu’elle écrit dans la douleur revécue d’un passé qui ne passe pas et qui relate la bataille intime qu’elle doit mener pour se découvrir elle-même et guérir des blessures de quatre années de guerre et d’arbitraire.
En quelques 150 pages denses et factuelles Molyda Szymusiak restitue sa découverte progressive de cette deuxième vie auprès de parents adoptifs français. Les dix premières pages constituent un riche témoignage sur les conditions d’accueil en France des jeunes réfugiés asiatiques qui viennent de sortir de deux ans de camps d’hébergement en Thaïlande et sur l’intensité émotionnelle d’une telle expérience.
C’est une sorte de prologue à l’ensemble du récit car l’auteur y introduit en toile de fond un songe inaugural lui annonçant l’abandon successif de « ses deux mères » qui ne parviennent pas à la protéger d’un monde inconnu et hostile. On y découvre également l’importance de l’image de la France, en tant qu’ancienne puissance colonisatrice et son pouvoir d’attraction linguistique et culturelle. A travers le souvenir du grand-père, moine bouddhiste, l’auteur établit également qu’elle est l’héritière d’une société structurée dont elle n’a pas oublié les valeurs.Le passage d’un registre réaliste à un registre onirique ou simplement mémoriel est souligné dans le corps du texte par l’utilisation des italiques.
L’adoption: elle est évoquée de façon elliptique car l’auteur ne rétablit pas les chaînons manquants. On voit simplement ce que la jeune fille et les deux cousines qui l’accompagnent découvrent en même temps qu’elle. Un couple, déjà âgé, qui hésite à prendre la responsabilité d’adopter 3 enfants dont 2 ont 17 et 18 ans. Petit à petit, l’auteur nous fait découvrir ce couple à l’éthique chrétienne profonde, d’une bonne volonté inépuisable. Par des scènes et des dialogues qui l’ont vivement marquée, l’auteur restitue le mode de vie et le milieu intellectuel dans lequel elle est tout à coup plongée. Que ce soit la nourriture, l’habillement, le retour en classe tout est sujet d’inquiétude et souvent d’incompréhension. Une obsession et une revendication reviennent constamment au sujet des études auxquelles les deux cousines voudraient consacrer toute leur énergie comme cela aurait dû se passer dans leur famille cambodgienne s’il n’y avait pas eu la guerre.